Mona Chollet libère de la culpabilisation dans Folie Douce
Où Mona Chollet parle de son nouvel essai "Résister à la culpabilisation" dans mon podcast + j'ai fait ma rentrée en fac de psycho et je vous raconte presque tout.
Pas le temps de lire ? Allons droit au but :
Bonjour les Douceurs,
Je vous écris en direct de la Bibliothèque Universitaire de l’Université Paris 8, où je viens de faire ma rentrée en deuxième année de Licence 2 de psycho - oui, je fais ça en présentiel, oui je suis folle, CQFD.
Cette bibliothèque est l’un des lieux que je préfère au monde. J’y ai rédigé mon mémoire de Master en études de genre il y a six ans. J’aime sa luminosité, son silence, les mines des gens planqués derrière leurs piles de livres. Le temps y est plus ample qu’ailleurs.
C’est un endroit qui donne le droit de ralentir.
Je voudrais tout vous raconter. Le soleil automnal et le vent frais de ce matin, comme si les déesses de la connaissance m’avaient envoyé ma météo préférée pour m’encourager. Les étudiant·es qui me donnent du “madame” alors que je me trouvais si cool avec mon sac à dos. La bague dorée que j’ai trouvée sur le sol de l’amphithéâtre quand je m’y suis installée (en retard) ce matin. La fierté qui m’a transie lorsque j’ai constaté que mes propres livres étaient désormais archivés dans les rayonnages de la bibliothèque universitaire (oui je me suis cherchée, jugez-moi). Mes sueurs froides au moment de me connecter au Moodle de la fac et donc de retrouver mon identifiant et mot de passe idoine (toujours pas localisés à l’heure qu’il est). L’appel de mon enfant - moi, chuchotant : je peux pas te parler mon coeur je suis à la bibli - qui n’arrive pas à se connecter à Pronote parce qu’il ne trouve plus ses identifiants et son mot de passe (comme beaucoup de mères concernées, mon TDAH a été diagnostiqué grâce au TDAH de mon enfant, je vous raconterai un jour).
Mais il y a plus important : aujourd’hui sort en librairie un essai capital : “Résister à la culpabilisation, sur quelques empêchement d’exister” (édition La Découverte), de Mona Chollet. Et l’autrice est dans Folie Douce pour en parler.
Mona Chollet l’a refait : capter l’air du temps, y appliquer un regard féministe et produire le texte qu’on a besoin de lire au moment où on a besoin de le lire.
Quand j’ai vu le communiqué annonçant le thème de son ouvrage, j’ai tout de suite lancé une demande d’interview. Ce sujet, c’était tout moi, c’était tout nous, c’était tout Folie Douce. Je suis fière qu’elle m’ait accordé la première interview radiophonique accompagnant la sortie de son livre. Ce que vous avez là, à portée d’oreille, les Douceurs, c’est une exclu.
C’est aussi un épisode passionnant et décomplexant.
Dans son livre et à mon micro, Mona Chollet démontre que la vilaine petite voix dans notre tête, celle qui nous murmure que nous sommes des personnes inaptes et défaillantes, que nous courons à la catastrophe, que nous ne méritons pas le bonheur, cette petite voix donc, est systémique. Elle est politique. Elle n’est pas celle de notre culpabilité, mais bien celle d’une culpabilisation, venue de l’extérieur, qui frappe encore plus fort les femmes, les mères et surtout les enfants - le chapitre le plus passionnant de son livre, sur lequel j’ai voulu m’attarder dans notre entretien.
C’était très émouvant d’avoir Mona Chollet à nouveau face à moi, six ans après notre première rencontre.
C’était pour la sortie de son livre Sorcières, la puissance invaincue des Femmes. Nous avions enregistré un épisode de La Poudre, mon précédent podcast, devant un petit public de poudreuses. Nous étions aux prémices d’une révolution. L’eau a coulé sous les ponts depuis. Nous avons avancé. Nous avons affronté mille et un backlash.
Nous avons changé, tous et toutes, individuellement, collectivement.
Ou pas. Car il y a six ans, je passais une bonne partie de mes semaines assise ici, dans la bibliothèque de Paris 8. Et aujourd’hui, je trouve la vie merveilleuse et surprenante, avec ses pages qu’on croit tourner, alors qu’on est en train de boucler des boucles.

Merci d’être abonné·es à cette newsletter. Scrollez bien jusqu’en bas, parce que je vous ai concocté, avec l’équipe de Folie Douce, une revue de presse santé mentale pleine de pépites.
Allez, prenez soin de vous et prenez votre temps
Lauren
PS : Si vous souhaitez accéder à plus de contenus, et si vous en avez les moyens, je me permets de vous suggérer de passer à la formule payante. Vous aimerez, j’en suis presque sûre.
Description de l’épisode :
Mona Chollet parle dans Folie Douce de son nouvel essai, Résister à la culpabilisation: Sur quelques empêchements d'exister (ed. La Découverte).
Dans le calme du studio, on a discuté de cet étrange exercice qu’est la promo quand on est casanière et introvertie. On a parlé du contexte politique qui façonne l’atmosphère dans laquelle se déploient nos privilèges - et de la culpabilisation qui en découle. On a évoqué, longuement, la diabolisation des enfants, la détresse des mères et la quête effrénée de pureté qui risque, comme le souligne la psychanalyste Alice Miller, largement évoquée dans ses pages, de nous mener aux confins de la folie. Je lui ai soumis un texte de Virginie Despentes qui parle de culpabilité et qui lui a plu, je crois. Et puis, nous avons parlé de Gaza, de la voix qu’elle a osé élever pour dénoncer l’horreur de ce conflit “qui a détraqué la compassion”. C’était une discussion passionnante et décomplexante, un peu comme les essais de Mona Chollet.
Bonne écoute, et n’hésitez pas à mettre des étoiles et à me faire tous vos retours sur les réseaux sociaux !
Ce que j’ai lu, vu, écouté cette semaine
Cette tribune dans Le Monde qui parle de l’impact du déclin de la santé mentale sur l’économie, repérée dans la newsletter de mes consoeurs de Plan Cash.
Cet article de Elle qui décrit la “génération sandwich”, écartelée entre le soin de ses enfants et de ses parents, et sa souffrance psychique.
Cet épisode de Grand bien vous fasse sur France Inter consacré aux troubles alimentaires et à l’impact surprenant que la pandémie de Covid a eu sur les personnes concernées.
L’épisode du podcast Encore Heureux J’ai cru à l’idéologie "incel" - recommandé par notre consultante Mélanie Vazeux - qui raconte comment des troubles psychiques conduisent à des pensées politiques désastreuses, et comment accepter la pensée critique peut aider à en sortir.
La série de podcasts Mentionné·e sur France Inter qui explore l’impact du cyberharcèlement sur la santé mentale de nombreuses femmes, de toutes origines et de tous âges.
Cette enquête de Hélène Ginhut parue dans Les Échos sur le TDAH malheureusement réservée aux abonné·es, mais qui montre que le sujet monte dans la société, et c’est tant mieux.
Si vous voulez être au courant de toutes les actualités de Folie Douce, et voir des vidéos des coulisses des épisodes :
Sauvez la date
Jeudi prochain, je serai à Strasbourg, aux Bibliothèques Idéales, pour un enregistrement en live d’un épisode de Folie Douce avec Faïza Guène et Imany. + d’infos en cliquant sur l’image.
Folie Douce donne la parole à des artistes, des militant·es, penseur·euses pour explorer leur parcours de santé mentale à la lumière de leur travail artistique ou politique. Ce podcast a pour vocation de faire émerger des récits à la première personne. Les propos de ses invité·es n’ont pas valeur d’expertise. Le terme « folie » est employé ici à des fins de renversement du stigmate et de réappropriation d’une identité habituellement imposée et marginalisée.
Si vous traversez un moment particulièrement difficile, vous pouvez appeler le 3114, des personnes formées vous écouteront et vous orienteront.
Merci pour ce très bel épisode avec Mona Chollet. Je suis libraire et j'ai d'abord vendu son livre plein de fois après l'écoute du podcast, sans l'avoir lu...et puis au bout de quelques semaines, je me suis réservée la lecture de son livre en même temps que la dernière BD de Liv Stromquist... parfait combo pour se foutre la paix et avancer avec soi comme on se ferait un gros câlin !
Je peux dire que la lecture de ce livre a changé ma vie!! Alors merci infiniment pour ça, à Lauren et Mona gratitude éternelle et pluie de paillettes !
Merci pour cet épisode, que j'ai trouvé puissant. Vers la moitié de l'épisode, j'ai ressenti de la colère parce que vous ne parliez pas de Gaza. Puis vous en avez parlé, comme pour me répondre, et ensuite j'ai été gênée (euphémisme) que vous passiez à la question "c'est quoi selon vous la meilleure des thérapies". J'ai le sentiment que la terre s'est arrêtée de tourner depuis un an, et je ne comprends pas comment nous pouvons continuer nos routines. Sidération.
Avec tout mon amour ❤️