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Hystérie, résistance et culture
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Hystérie, résistance et culture

Où je pense à celles qu'on a traitées de folles pour avoir résisté et où je vous glisse une liste de recommandations littéraires et musicales pour tenir bon d'ici le printemps.

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Lauren Bastide
févr. 07, 2025
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Bonjour les Douceurs,

Cette semaine, encore une fois, et en dépit de la demande générale, j’ai la flemme de vous parler de la fac (c’est-à-dire ma reprise d’études en licence de psycho).

Parce que j’attends dans l’angoisse les résultats de mes partiels, parce que je suis trop débordée par le podcast, mes enfants et ma vie sentimentale pour aller assidûment en cours et parce que je me demande tous les matins si je vais abandonner (mais je me reprends en main tous les soirs), je vais continuer de procrastiner un peu sur ce projet. (Ma petite bande sûre de TDAH me comprendra).

Néanmoins, je vais faire un truc : me fixer une deadline. Je vous propose de faire une vidéo en direct dans deux semaines, pour échanger avec vous, répondre à vos questions et partager sans filtre mon bilan du premier semestre à la fac. Ça roule ?

Sauvez la date donc, ça sera le 21 février à 18h, en live, ici-même ! Il y aura évidemment un post avec le replay de la vidéo. Pour y accéder, il faut installer l’application (ici) et ça sera réservée à la team abonné·es premium qu’il est encore temps de rejoindre :

Bon, maintenant passons à la lettre de la semaine, dans laquelle j’ai eu envie de vous inonder de recommandations culturelles.

Ces derniers temps - peut-être parce que j’ai drastiquement restreint mon temps sur Instafaf - j’ai réussi à terminer de nombreux livres, j’ai trooop kiffé deux albums (suspens), j’ai tâté de l’audio book (mon nouveau péché mignon) et j’ai même maté deux séries, moi qui n’en regarde jamais. Tout ceci est tout en bas de la page.

Mais avant de vous lister ce petit trésor de guerre je voudrais m’attarder sur une exposition qui m’a retourné le cerveau, le ventre et le cœur.

C’est l’exposition de Laia Abril au LAB. Elle s’appelle On Mass Hysteria, et c’est le troisième volet du projet de l’artiste espagnole sur la misogynie.

J’avais pris l’une de mes plus grandes claques féministes il y a huit ans, en découvrant le premier volet de cette série au festival d’Arles : On Abortion (j’espère que y a des gens qui cliquent sur les liens, parce que que les gens savent que quand un mot est écrit en rose, ça veut dire que j’ai amoureusement placé un lien derrière ce mot.). Je me rappelle d’un entrelacs de cintres posé au sol qui m’avait faite pleurer.

Une photo de l’exposition On Abortion de Laia Abril.

Dans On Mass Hysteria, Laia Abril juxtapose une longue série de cas qui ont été qualifiés d’”hystérie collective” à travers les siècles et les pays.

Des cas où des dizaines, parfois des centaines de jeunes filles ou de femmes, appartenant à une même institution disciplinaire ou ouvrière (école, usine, pensionnat), ont manifesté au même moment des crises de spasmes, de rires, de larmes, d’évanouissements, de hoquets, de cris.

L’artiste met en lumière le double mouvement qui accompagne toujours ces manifestations. Soit on les minimise, en soupçonnant ces femmes d’exagérer, d’agir par imitation ou de succomber à une sorte de phénomène de mode. (Ça m’a rappelé l’argumentaire de la direction de France Télécom en 2008/2009 face à la vague de suicides : le PDG de l’époque, Didier Lombard, avait parlé d’une “mode”, comme si on se suicidait pour faire cool.)

Soit, à l’inverse, on psychiatrise ces comportements.

On traite ces femmes de folles, ce qui mène à la médication forcée, à l’internement, à la condamnation ou, à la Renaissance, à la peine de mort.

L’exposition se termine par un montage vidéo de manifestations féministes à travers le monde ces dix dernières années. Et lorsqu’on voit les manifestant·es crier, danser, lever le poing, rire, courber leur corps face aux violences policières, on ne peut pas s’empêcher de faire le lien avec les descriptions des "hystéries collectives".

Là où l’histoire voit un trouble médical, Laia Abril propose une lecture politique.

Si ces femmes s’évanouissent, si leurs corps s’effondrent, si elles entrent ensemble dans un état alternatif, c’est une forme de résistance. C’est un refus du système qui les oppresse.

Toute femme qui se révolte contre le système qui l’enferme sera traitée de folle. (Et peut-être qu’à force, le deviendra vraiment).

Je pense à Ahou Daryaei. Cette étudiante en littérature qui s’est déshabillée devant son université à Téhéran en novembre 2024, dans un geste de révolte contre les lois islamistes obligeant les Iraniennes à porter le hijab, deux ans après la mort de Mahsa Amini.

Vous savez ce qu’elle est devenue ?

La photo d’Ahou Daryaei qui a fait le tour du monde.

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