#11 “On croise chaque jour des personnes concernées sans le savoir”, avec les co-fondateurices de la Maison Perchée

Je vous invite à découvrir cet endroit exceptionnel qu'est la Maison perchée, et vous propose de lire/écouter/regarder quelques contenus culturels qui m'ont fait du bien ces derniers jours

Cette newsletter a été publiée le 28 juin 2024

Un conseil d’amie*…

Économisez-vous. Ça peut paraître paradoxal de vous dire cela en ces temps de proto-fascisme, mais je pèse mes mots. Après l’annonce de la dissolution, ma sidération a vite laissé place à une frénésie hyperactive. Galvanisée par des messages de mon réseau militant, je me suis investie dans la campagne des Victoires populaires. Et sur le coup, ça m’a galvanisée. Côtoyer des gens qui partagent les même valeurs, rire avec eux, agir, toucher, sentir, bouger, ça fait remonter les niveaux de sérotonine, ça permet de lutter contre l’abattement et la rumination. Mais au bout d’une semaine, j’étais épuisée, en raison notamment de mes troubles de l’attention. Trop d’interactions sociales, trop de gestes et déplacements à accomplir, trop de stimulations sensorielles. Après une manif, un meeting, une session de phoning, deux réunions Zoom et des centaines de DM Instagram, j’ai senti s’abattre sur moi une fatigue de l’au-delà. Ma vision du monde, déjà obscure, est devenue encore plus sombre. Je me suis mise à être pessimiste et à sentir tanguer ma vie personnelle. Alors j’ai décidé, pour quelques jours, de me replier dans ma coquille - parce qu’en plus ça y est c’est l’été et je déteste l’été. Et c’est OK. Chacun·e fait à la hauteur de ce qu’iel peut faire. Votre santé, notamment mentale, est plus importante que le reste. Si votre façon de faire campagne a été de convaincre une personne de votre entourage d’aller voter, c’est déjà beaucoup. D’autant que nous sommes en train de courir un marathon, pas un sprint. Quoiqu’il arrive, le 7 juillet au soir, nous aurons une assemblée comptant au bas mot deux fois plus de député·es d’extrême-droite qu’avant la dissolution. Ce qui veut dire que pour les mois, les années à venir, nous allons devoir nous battre encore plus fort - et c’était déjà chaud - pour préserver nos droits et lutter contre des propositions de loi iniques. Nous allons nous confronter à deux fois plus de haine raciste et sexiste, deux fois plus de déni climatique, deux fois plus de complotisme à la sauce Hanouna… Alors, prenez soin de vous, les ami·es, la bataille est loin d’être finie. Et prenez votre temps, si, si.

Lauren

PS / si vous n'êtes pas trop fatigué·e, vous pouvez rejoindre cette boucle Telegram qui propose chaque jour des actions pour contrer l’extrême-droite, animée par Caroline de Haas, dont le mental ne semble jamais plus solide qu’en période de crise. Promis, un de ces 4, je l’invite dans Folie Douce pour avoir son secret :)

PS 2 / Si par mégarde parmi vous se trouve une personne s’apprêtant à glisser dans l’urne un bulletin RN dimanche prochain, je vous invite à cliquer sur ce lien. Voter pour le RN, c’est voter contre les femmes. Maintenant vous savez.

*dans cette rubrique, je propose un conseil pratique qui peut vous aider à prendre soin de votre santé mentale. Je parle depuis mon point de vue de femme cisgenre avec un TDAH (trouble de l’attention avec hyperactivité) et des troubles dépressifs liés au stress post-traumatique, suivie depuis deux ans en thérapie comportementale et cognitive. Mes conseils sont à prendre comme ceux d’une amie concernée. Si vous traversez une période difficile, le mieux est de vous orienter vers un professionnel de la santé mentale. En cas d’inquiétude pour vous ou l’un·e de vous proche, vous pouvez appeler le numéro national du prévention du suicide, le 3114, des personnes formées vous écouteront.

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ENTRETIEN

« La psychiatrie en France est souvent marquée par une approche médicale traditionnelle », Maxime Perez Zitvogel et Victoria Leroy, co-fondateurices de la Maison Perchée

Maxime Perez Zitvogel et Victoria Leroy, co-fondateurices de l'association La Maison Perchée, un espace qu’iels ont créé d'abord en ligne en 2020 en période de confinement pour accompagner des personnes vivant avec des troubles bipolaire, schizophrène et borderline. Aujourd'hui, l'association a un premier lieu d'accueil non médicalisé à Paris dans le 11ème où de jeunes adultes âgé·es de 18 à 40 ans peuvent venir participer à des groupes de parole et des ateliers. Entretien.

Maxime Perez Zitvogel et Victoria Leroy / Yann Castanier